Avec la Blockchain, l’écosystème devient le centre de gravité du business et des opérations

La Blockchain s’envisage à l’échelle d’un écosystème qui est au cœur d’un projet de déploiement d’une solution Blockchain. En assurant sécurité et confiance, la « chaîne de blocs » favorise le rapprochement entre organisations partenaires mais nécessite de bien réfléchir en amont aux modalités de gouvernance et à l’alignement de l’écosystème autour d’une vision partagée.

L’écosystème, clé de voûte de la Blockchain

Plateformes digitales distribuées au sein d’un réseau d’acteurs (fournisseurs, clients, partenaires…), les solutions Blockchain distendent les frontières entre organisations, permettant aux entreprises de s’insérer plus complètement dans leur écosystème et d’étendre leurs ramifications au sein de leur réseau. La mise en place d’une solution Blockchain permet d’aller au-delà de ce qui est traditionnellement possible pour une entreprise confrontée aux limites de sa propre organisation et aux limites de la gestion d’un réseau. L’écosystème devient le centre de gravité du business et des opérations. Le rayon d’action de l’entreprise se trouve étendu, ce qui augmente en retour sa réactivité et sa performance opérationnelle pour elle-même et pour ses partenaires.

On peut distinguer deux types d’écosystème, qui diffèrent par leur mode de fonctionnement et la nature des relations entre les acteurs :

  • Les écosystèmes « fermés » / centralisés dans lesquels le leader d’un secteur d’activité regroupe autour de lui « son » réseau de partenaires qui contribuent chacun à leur niveau au cycle de vie du produit. Les relations sont plutôt descendantes, de type donneur d’ordre / sous-traitant. C’est le cas par exemple de la grande distribution où producteurs et logisticiens s’organisent autour d’un distributeur qui est au centre des relations.
  • Les écosystèmes « ouverts » / de consortium regroupant des acteurs qui se considèrent comme des « pairs ». Il n’y a pas d’acteur central mais une communauté de membres (organisée en consortium) qui collaborent pour co-développer un produit ou une activité ; l’innovation y est collective et les retombées partagées. Un écosystème ouvert n’est pas réductible à un secteur et peut être transectoriel afin par exemple de proposer aux clients une gamme de services intégrés.

Dans les cas recensés actuellement, les projets Blockchain s’enclenchent plutôt à l’initiative d’une entreprise influente sur son secteur (ou une autorité institutionnelle) qui mobilise autour d’elle son écosystème (Carrefour, Toyota,…), accélérant le délai de mise en production de l’outil Blockchain. La logique de consortium appelle de son côté un vrai changement de culture et ouvre sur un nouveau paradigme d’organisation pour les entreprises, plus riche d’opportunités mais plus complexe à mettre en place.

La bonne pratique dans le cadre d’un projet Blockchain est de démarrer à petite échelle et de développer progressivement l’écosystème en incluant de nouveaux membres. Cette approche de déploiement Blockchain a son concept : le MVE (Minimum Viable Ecosystem), qui est le minimum d’acteurs nécessaires au lancement d’un projet Blockchain afin d’éprouver la valeur du cas d’usage et de tester par itération différents scénarii de fonctionnement du réseau. A mesure que le réseau mûrit, la gouvernance et le fonctionnement de l’écosystème Blockchain pourront s’adapter à l’extension du réseau.

Une gouvernance « agile », facteur clé de succès

Créer les modalités de gouvernance permettant au réseau d’acteurs de collaborer efficacement est aussi important que la mise en œuvre de la « brique » technologique Blockchain. Dans un environnement où les acteurs peuvent avoir des intérêts divergents, la gouvernance doit concilier ces intérêts. Avant de former un écosystème Blockchain, il est important d’anticiper la manière dont les décisions seront prises et comment les potentiels conflits d’intérêt seront résolus, qui plus est lorsque l’écosystème implique des entreprises concurrentes. S’accorder sur un modèle d’affaires au sein d’un consortium, décider de la politique d’intégration de nouveaux membres, définir les modalités de financement, trancher la question de la propriété intellectuelle et aussi la nature juridique de la relation partenariale (nouvelle structure juridique ou engagement contractuel entre les membres ?) sont autant de points structurants à couvrir au démarrage d’un projet Blockchain. C’est en ce sens que la mise à l’échelle de solutions Blockchain peut buter, faute de réflexions suffisantes en amont sur les conditions de fonctionnement de l’écosystème.

Mettre en place la charte de gouvernance adéquate pour faire fonctionner l’écosystème sans brider son développement est affaire d’équilibre et d’agilité. Dans le temps, le modèle de gouvernance peut évoluer en fonction de la maturité du réseau, un modèle de gouvernance étant adapté à la structuration initiale de l’écosystème et un autre modèle de gouvernance mieux adapté à son élargissement. La définition du modèle de gouvernance est donc fonction du niveau de maturité / densité du réseau et nécessite de conserver une certaine flexibilité pour que l’écosystème puisse s’agrandir et avec lui les gains associés à la mise en place d’une solution Blockchain.

Si la technologie Blockchain gagne à être déployée au sein de l’écosystème le plus large possible (la valeur générée par la Blockchain est une fonction exponentielle), encore une fois, il est recommandé de lancer un projet Blockchain sur une échelle réduite (autour du MVE) pour expérimenter de manière itérative dans les premiers temps la configuration optimale de l’écosystème et trouver la bonne alchimie en matière de gouvernance. Ces points structurants à prendre en compte en phase de cadrage d’un projet Blockchain en font, plus qu’un projet technologique, un sujet de réflexion stratégique.

Fazil BOUCHERIT

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