Facturation électronique 2024 : un carrousel d’opportunités ?
L’Etat français a toujours su faire preuve d’imagination pour accroître le rendement de l’impôt et améliorer sa visibilité sur l’activité des agents économiques. Ainsi, après le feuilleton du prélèvement à la source, voici « la TVA à l’ère du digital » qui va imposer aux grandes entreprises de passer à la facturation électronique d’ici à mi 2024 … en employant la voie ouverte par la DGFIP avec Chorus Pro.
Etant donné le tropisme essentiellement fiscaliste (et statistique) qui sera celui de l’offre Chorus Pro étendue, il est urgent pour les entreprises de s’intéresser aux alternatives et aux services technologiques qui leur permettraient de mieux maîtriser leur processus Order-to-Cash (O2C) et d’améliorer le recouvrement de leurs créances dans le cadre de la réforme à venir.
Certains opérateurs et/ou éditeurs devraient rapidement bénéficier du statut de « tiers de confiance » et permettre aux entreprises de mettre en œuvre un système alternatif d’échanges de factures (modèle en Y – envoi de la facture vers le client et la plate-forme publique) … et de bénéficier des avancées de l’IA en matière de gestion du poste client (lettrage par apprentissage automatique, relance prédictive, « clusterisation » du risque client, affacturage dynamique …).
Ainsi, la réforme sur la facturation électronique doit être positivée et vécue par les entreprises comme l’occasion de standardiser, d’optimiser et d’« augmenter » leur processus O2C
Aujourd’hui, 40% des problèmes de recouvrement résultent de dysfonctionnements du côté vendeur (et non du côté client), et le manque de maturité de ce processus ne permet pas d’exploiter les apports des technologies digitales.
Ainsi, 2 chantiers complémentaires doivent être lancés par les entreprises afin de :
- Standardiser les activités (et les flux) du processus O2C – de la gestion contractuelle à l’encaissement ;
- Elaborer un nouveau modèle opérationnel, revoir notamment l’articulation entre activités internes, BPO et services proposés par les plateformes B2B.
L’objectif de standardisation nécessite d’anticiper et d’orchestrer une démarche d’excellence opérationnelle globale qui, pour chaque activité, interroge l’opportunité de « faire ou faire faire » et définit les niveaux de performance attendus tout en s’assurant de la maîtrise et de l’exploitabilité des données (data value management).
En parallèle, les entreprises et leurs DSI doivent réfléchir aux solutions et aux « services » applicatifs qu’elles peuvent proposer à la direction financière et autres directions concernées en répondant aux questions suivantes :
- Le système de facturation doit-il être développé et/ou exploité par la DSI de l’entreprise ? Quelle articulation cible entre la facturation et les systèmes opérationnels amont (devis, production, livraison, …) ?
- Quelles sont les innovations proposées par les plateformes B2B, outre la dématérialisation des flux de facturation, en matière d’administration des ventes, de traitement comptable, de lettrage, de suivi du poste client, de recouvrement, de relance, de traçabilité, … ?
- Quels prestataires de BPO sur quelles plateformes ?
Autant de questions dont les réponses concrètes feront (ou pas) de la réforme « facturation électronique 2024 » un projet à forte valeur transformative pour l’entreprise.
Point de vue de Lionel Bianchi, Directeur Associé au sein de la BU Finance